20/04/2024

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Depuis quelques mois, les populations burundaises vivent dans la hantise quotidienne d’une guerre, déjà larvée, mais qui pourrait éclater à tout moment et replonger le pays dans les ténèbres d’une guerre civile (après celle de 1993 – 2005). Certes cette crise est avant tout politique, mais elle fait ressurgir les antagonismes entre Hutus et Tutsis et laisse craindre un nouveau conflit aux relents ethniques. Chaque jour, le nombre de réfugiés croît et l’opération de désarmement lancée par le gouvernement ne rassure guère. La guerre serait-elle de nouveau aux portes du Burundi ?

Genèse de la crise

Avril 2015 : Pierre Nkurunziza officialise sa candidature aux élections présidentielles pour un troisième mandat en flagrante violation – selon l’opposition et la plupart des observateurs – des accords d’Arusha signés en 2000 et de la Constitution qui en a découlé, qui limitent à deux le nombre de mandats présidentiels successifs. L’opposition politique et les forces de la société civile s’insurgent contre cette candidature jugée anticonstitutionnelle. Des mouvements insurrectionnels se multiplient alors dans la capitale Bujumbura et sont brutalement réprimés par l’armée, faisant des dizaines de victimes. En mai, le général Godefroid Niyombare mène une tentative de putsch qui échoue : la répression est sanglante.

Ces violences perlées, ainsi que l’opposition manifeste de la communauté internationale et de l’Union africaine, n’empêchent toutefois pas Pierre Nkurunziza de se faire réélire à sa propre succession avec un score de 69,41 % en juillet. Le 20 août, prenant tout le monde de court, il est investi. La cérémonie, préparée dans la plus grande discrétion, est marquée par l’absence de l’Union africaine de même que par celle des ambassadeurs des nations européennes et américaines. Cela est le signe d’un malaise évident. À Bujumbura, le calme peine à être rétabli. L’opposition ne démord pas et les résistances se multiplient.

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L’ultimatum de Nkurunziza

Face aux mouvements de l’opposition, de la société civile et aux répressions souvent violentes de l’armée qui plongent le pays dans un maelström extrêmement tumultueux, le président Pierre Nkurunziza a lancé le 2 novembre aux insurgés un ultimatum de cinq jours qui a pris fin le 8 novembre dernier.

« Nous conseillons à ceux qui se rendent coupables de crimes de renoncer à cette voie qui n’aboutira à rien, car ceux qui les envoient les trompent d’autant que personne n’a revendiqué leurs actions jusqu’ici », a-t-il déclaré. Il s’agit « du dernier appel, dans votre intérêt. Sinon, vous allez regretter pourquoi [sic] vous avez rejoint les rangs des criminels armés », a-t-il ajouté sur un ton menaçant.

Ces déclarations n’ont guère émoussé l’ardeur de ceux que le gouvernement qualifie désormais de « criminels armés ». Les résistances continuent de plus belle.

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Des opérations de désarmement qui commencent dans le sang

À l’expiration de l’ultimatum, dimanche 8 novembre, l’armée a commencé « l’opération de désarmement de l’opposition » qui a déjà fait au moins deux morts au matin du 9 novembre – sans compter les neuf morts dans l’attaque d’un bar quelques heures avant la fin de l’ultimatum, dans la nuit du samedi au dimanche – comme on peut le lire notamment dans Courrier International.

Depuis le début de cette crise, environ 200 morts et près de 200 000 réfugiés ont été dénombrés. Les habitants restés à Bujumbura ont peur de replonger dans les affres de la guerre. Et rien n’augure un retour prochain à la paix. L’opposition ne semble pas vouloir fléchir et le gouvernement compte sur la force pour restaurer la paix. La guerre est aux portes de la capitale. Les autorités burundaises parviendront-elles à des accords pour y échapper ? Les heures et jours à venir permettront de répondre à cette question.

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À SUIVRE : Les survivants de Boko Haram en proie à une crise alimentaire.

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