24/04/2024

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Le samedi 16 janvier, la participation de Manuel Valls à une émission populaire faisait partie d’un plan de communication très habile. Le Premier ministre du gouvernement français souhaitait d’abord s’adresser à un public jeune qui s’intéresse peu à la vie politique. Pourtant, le principal résultat qu’a provoqué cette intervention est une mini crise diplomatique entre la France et le Gabon.

Un exercice bien maîtrisé

Chaque samedi soir, l’animateur Laurent Ruquier réunit des personnalités qui font l’actualité dans son émission On n’est pas couché. La plupart des gens qui sont invités appartiennent au monde des arts et de la culture, mais il est de coutume qu’un homme politique réponde aux questions des chroniqueurs durant un peu plus de 60 minutes.

Le weekend dernier, c’est le Manuel Valls qui était présent sur le plateau. Il a été interrogé sur différents thèmes sensibles comme la déchéance de nationalité ou l’évolution du chômage. C’est après plus 90 minutes d’une interview qui s’était plutôt bien passée qu’une phrase a eu des conséquences internationales.

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Une petite phrase inattendue

Interpellé par Jérémy Ferrari – un comique qui était invité ce soir-là pour parler de son spectacle – sur le fait : « qu’Ali Bongo se retrouve au premier rang d’une marche pour la liberté d’expression » (lors de la manifestation qui a suivi les attentats de Charlie Hebdo et d’Hyper Cacher un an plus tôt), le Premier ministre a alors répondu :

« Laissons Ali Bongo, parce que, dans cette manifestation, celle du 11 janvier, il y avait des chefs d’État et de gouvernement. Vous retenez Ali Bongo, moi je retiens (…) surtout un autre Africain, élu lui, Ibrahim Boubacar Keïta [le président du Mali]… »

Ah, parce qu’il n’est pas élu finalement, Ali Bongo ? lui rétorque aussi sec l’humoriste.

Pas comme on l’entend», conclut alors M. Valls.

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Une petite phrase qui dérange

Cette remise en cause de la légitimité démocratique d’Ali Bongo a mis la présidence du Gabon en émoi. Libreville a immédiatement rappelé son ambassadeur à Paris pour une consultation. La relation entre les deux gouvernements actuels est compliquée. Rappelons que Manuel Valls n’exprimait là rien de très différent de la position qu’avait adoptée le Parti socialiste français en 2009. En septembre 2015, Maixent Accrombessi, le directeur de cabinet d’Ali Bongo avait été placé en garde à vue pour « corruption active et passive d’agents étrangers, abus de bien social, blanchiment, recel, faux et usage de faux ». Invité à l’Élysée le mois suivant, Ali Bongo avait déclaré :

« Nous disons que l’on a voulu humilier le Gabon. »

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https://www.youtube.com/watch?v=tCOVcT85byo

Le jeu diplomatique

La diplomatie s’est rapidement activée après ce nouvel incident. Avant de s’envoler pour Libreville, l’ambassadeur a été reçu à Matignon, où l’on s’est empressé de s’excuser. Selon un conseiller de M. Valls :

« Il n’y a pas d’affaire gabonaise. C’est un petit excès de langage qui ne reflète pas sa pensée ».

L’agenda du Premier ministre prévoyait déjà une visite au Gabon pour 2016. Un tel incident était donc regrettable, surtout que la France a de nombreux intérêts économiques dans cette région.

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À SUIVRE : L’extravagante collection de voitures de la présidence du Gabon.

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