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Il y a quelques mois, l’acteur américain George Clooney remettait le premier prix Aurora à Marguerite Barankitse, la présidente de l’association Maison Shalom. Cette récompense distingue l’action humanitaire de cette Burundaise qui a sauvé environ 20 000 enfants lors du génocide du Rwanda, il y a maintenant 20 ans, et qui continue à œuvrer pour le bien-être des plus démunis.
Un prix prestigieux
Le prix Aurora a été créé par trois célébrités de la diaspora arménienne : Ruben Vardanyan, Noubar Afeyan et Vartan Gregorian. Ils sont les descendants de rescapés du génocide arménien. Leurs parents ont été sauvés par des personnes qui les ont cachés et qui les ont protégés. Ces trois fondateurs ont expliqué :
« Nous sommes en vie parce que nos ancêtres ont été sauvés par des personnes courageuses. Ils risquaient leur vie pour donner la chance à d’autres de survivre ».
Le prix Aurora qu’ils viennent de créer rend hommage aux Justes. Le jury est composé de neuf membres dont certains anciens prix Nobel de la paix, Élie Wiesel, Hina Jilani, Leymah Gbowee, Shirin Ebadi. Le nom de cette récompense est inspiré de l’histoire d’Aurora Mardiganian, une petite fille qui fut la seule rescapée de sa famille lors du génocide arménien et qui a été conduite aux États-Unis par des missionnaires. Devenue une jeune femme érudite, elle a raconté son histoire dans un livre et un film intitulé Arménie ravagée.
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L’action de Marguerite Barankitse
Maggy, comme la surnomment affectueusement les membres de son association, mais aussi les enfants dont elle s’occupe, a étudié trois ans de séminaire à Lourdes. Elle a ensuite été enseignante dans la fonction publique avant de devenir secrétaire de l’évêché de Ruyigi.
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Une expérience dramatique
C’est en 1993 qu’elle constate d’une manière directe et sanguinaire les affres de la guerre civile qui débute au Burundi. Accusée d’être trop complaisante avec les Hutus, Maggy est dénudée par des miliciens tutsis puis attachée sur une chaise. Ces tortionnaires la forcent à regarder le massacre des civils hutus qui avaient trouvé refuge à l’évêché. La folie meurtrière qui s’empare du pays incite la jeune femme à protéger tous les enfants victimes de la guerre. Cette tragédie est à l’origine de la création de l’organisation humanitaire la Maison Shalom et l’hôpital REMA, deux organismes qui ont sauvé la vie de milliers d’enfants.
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Un engagement récompensé et soutenu
L’ONG de Maggy bénéficie du support financier d’autres ONG très réputées comme Caritas Allemagne ou la Fondation Bridderlech Deelen, dont le siège est au Luxembourg. Elle a reçu de nombreuses distinctions, parmi lesquelles, le prix de la Fondation Chirac (en 2011). Ce prix doté de 100 000 euros lui a permis de se lancer dans la microfinance et de combattre la pauvreté.
Le jour de remise de la récompense Aurora a eu lieu le 24 avril à Erevan, la capitale de l’Arménie. Cette date n’a pas été choisie au hasard. C’est un 24 avril, il y a exactement 101 ans, qu’a commencé le premier génocide du XXe siècle. Maggy a monté la colline qui mène au mémorial du génocide. Ce mausolée rend hommage à un million et demi d’Arméniens assassinés par l’Empire ottoman. Elle a déposé une gerbe de fleurs aux côtés de l’acteur Georges Clooney, du chanteur Charles Aznavour et du président arménien Serge Sargisyan.
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L’éventualité du retour d’une guerre civile
Lors de la cérémonie de la remise du prix, la Burundaise a remercié le jury et les membres de son association. Elle a profité de son discours pour alerter le monde sur la possibilité du retour de la guerre civile dans son pays :
« Le Burundi est sous la menace d’une nouvelle guerre civile, a-t-elle déclaré. Ce pays est devenu un enfer pour ses propres enfants »
Elle fait alors allusion aux Imbonerakure :
« (…) tous ces jeunes qui n’ont pas d’emploi, et qui sont si faciles à manipuler »
Ces milices de jeunes qui obéissent au pouvoir en place multiplient les actes d’intimidation à l’encontre des civils et des opposants. Maggy s’est aussi dite « bouleversée tant par le meurtre de trois religieuses italiennes, le 7 septembre, que par la candidature de Pierre Buyoya au poste de secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ». Pour elle, « ce serait récompenser un criminel ». Elle rappelle que l’ancien président, deux fois putschiste, n’a jamais demandé pardon après la guerre civile.
À SUIVRE : Le Burundi accepte le déploiement d’une force police de l’ONU.
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