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Il y aura deux camps à Hollywood le 28 février prochain : ceux qui seront présents dans le mythique Dolby Theather de Los Angeles et ceux qui boycotteront la cérémonie. En effet, suite au coup de gueule lancé par le réalisateur Spike Lee, qui pointe du doigt l’absence d’artistes afro-américains dans les nominations aux Oscars 2016 et sa décision de boycotter la 88e cérémonie des Oscars, beaucoup d’acteurs se sont ralliés à sa cause : Jada et Will Smith, George Clooney, Michael Moore, et bien d’autres. Tous dénoncent l’absence des minorités.
Un boycott
La polémique ne s’est pas arrêtée là puisque Spike Lee a plaidé pour des quotas noirs/blancs pour cette cérémonie. Une décision qui n’a pas été au gout de la française Charlotte Rampling, sélectionnée pour sa prestation dans 45 years, qui voit dans le boycott de Spike Lee un « racisme anti-blancs », avant de rectifier le tir et de se prononçer sur l’égalité des chances :
“ la diversité dans notre métier est un problème important qui doit être résolu”, dit-elle.
Une situation qui a fait réagir rapidement l’Académie qui vient de promettre des mesures en faveur de la représentation des minorités ethniques et des femmes parmi les votants. Mais est-ce suffisant pour « sauver » la cérémonie de la disgrâce ?

Les nouvelles mesures
Suite à une réunion exceptionnelle qui a réunit plus d’une cinquantaine de membres, l’Académie a rendu publique une série de décisions qui vont renforcer la présence des minorités et des femmes parmi les votants. Et pour cause, selon une étude menée par Los Angeles Times, 94% de l’ensemble des votants sont blancs dont 77% sont de sexe masculin. Une organisation qui pourrait expliquer le manque de diversité dans les nominations.

1. Plus de nomination à vie pour les votants
Le mandat d’un membre de l’académie sera fixé dorénavant à 10 ans et ce droit de vote pourra lui être retiré s’il ne justifie pas d’une activité liée à l’industrie du cinéma durant cette période.

2. De nouveaux critères pour renouveler son mandat de vote
Les votants n’obtiendront le droit de vote à vie qu’à terme de trois décennies actives dans l’industrie ou bien suite à l’obtention d’une nomination ou d’un Oscar.

3. Augmentation immédiate de la diversité du conseil de direction des Oscars avec l’élection de 3 nouveaux board members
Une élection qui va pouvoir augmenter le nombre de représentants des minorités : en l’occurrence Cheryl Boone Isaacs (afro-américaine) et de deux femmes (qui ne représentent qu’un tiers des board members).

4. De nouveaux critères de sélection pour les nouveaux votants
Le processus de sélection de nouveaux membres par cooptation sera modifié en faveur d’ « une campagne ambitieuse et mondiale pour identifier de nouveaux membres qualifiés représentant une plus grande diversité”. En d’autres termes, les critères de sélection vont devenir plus rigoureux et vont privilégier une exigence accrue en matière d’art et d’ouverture aux minorités.

Par ces actions, l’Académie espère diversifier le tour de table et équilibrer les disparités qui existent à l’heure actuelle. La réalisatrice afro-américaine Ava DuVernay a rapidement réagit à cette décision sur les réseaux sociaux :
« C’est un bon pas au cours d’un chemin long et compliqué pour les gens de couleur et les femmes artistes ».
Cela étant dit, le problème majeur de la représentation des femmes et minorités dans le cinéma ne semble pas venir de l’Académie des Oscars mais plutôt de l’idéologie dominante et du milieu du cinéma qui se contente de donner des rôles stéréotypés ou secondaires à ces derniers.