Les négociations qui se déroulent dans les antichambres de la COP21 doivent apporter des réponses stratégiques et économiques capables de mettre fin aux dérèglements climatiques actuels et surtout à ceux qui vont venir. Dans cette réunion, l’Afrique veut faire entendre sa voix et elle souhaite s’engager.
Une situation préoccupante
C’est sans doute Omar Guelleh, le président de Djibouti, qui a le mieux résumé la situation d’une grande partie de l’Afrique :
« Il est acquis que si rien n’est fait, dans moins d’un demi-siècle, en Afrique de l’Est et au Moyen-Orient, il sera impossible pour l’être humain de survivre du fait des températures extrêmes. »
L’Afrique est la première victime du réchauffement climatique et les différents chefs d’États africains présents au Bourget n’ont pas manqué d’évoquer des cas concrets relatifs à la désertification, l’appauvrissement des sols, la succession des sécheresses et des inondations, la réduction des surfaces agricoles et pastorales ou les migrations forcées des populations.
Pointé comme un symbole, le lac Tchad qui est en voie d’assèchement progressif a déjà perdu 90 % de sa surface initiale. Au Sénégal, c’est la côte Atlantique qui est rongée et près de 400 mètres ont déjà été avalés par les eaux. En Tunisie, la culture des oliviers est menacée et la production d’olive va se réduire de moitié d’ici 15 ans.
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La difficile relation Nord-Sud
Soumise à des causes inextricables et à des conséquences catastrophiques, l’Afrique est confrontée à une situation intenable. Elle pointe son manque d’accès à des technologies non polluantes et l’absence de volonté des pays riches à transférer du savoir-faire ou à participer à l’effort financier. Le président zimbabwéen Robert Mugabe, dont on connait la verve habituelle, a rappelé aux pays industrialisés leur responsabilité dans la situation actuelle :
« Ce sont [eux] qui ont mis la planète dans l’état où elle se trouve, à eux d’agir ».
Se grouper pour être entendu
Afin que le discours des différentes nations africaines soit audible, certains pays se sont regroupés au sein d’organismes officiels comme l’Autorité du Bassin du Niger (ABN). Cet organisme parle au nom de 9 États : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad. L’ABN a recensé 250 actions différentes à mener de toute urgence pour sauver un bassin qui nourrit 150 millions de personnes, ainsi qu’une aide de 3 milliards.
La COP21, également connue sous le nom de la Conférence sur le Climat à Paris, vise la signature d’un accord universel juridiquement contraignant sur le climat. Le but est de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C. Un tel accord est le premier du genre depuis 20 ans que durent les négociations autour du climat.