Le 11 juillet 1966, à Saïda, ville située au nord-ouest de l’Algérie, Cheb Mami voit le jour. On l’ignore encore, mais la renommée de l’enfant venu de « la ville des eaux » va être planétaire, pour le meilleur comme pour le pire. Comme chaque artiste, Cheb Mami trouve sa source d’inspiration chez la femme. En effet, les meddahates, orchestres essentiellement constitués de femmes et chargés d’animer des événements tels que les baptêmes et les mariages le fascinent au plus haut point. Armé de sa seule volonté et porté par sa passion pour la musique, Cheb Mami devient à son tour, animateur de cérémonie. Il n’est alors âgé que de 14 ans. Mais si le talent comme la carrière sont précoces, sa vie n’est pas exempte de difficultés.
La musique : une bouffée d’oxygène face aux écueils de la vie
Si le statut d’animateur de cérémonie donne de lui une image reluisante et plutôt flatteuse, Cheb Mami n’a pas un quotidien des plus faciles. Sa famille connaît des difficultés financières. Une fois sont diplôme de soudeur en poche, il se met à travailler comme apprenti soudeur afin de contribuer aux charges de la maison. Suffisant pour éteindre la flamme et lui faire renoncer à la musique ? Que nenni ! Cheb effectue ses tâches quotidiennes en semaine et se rend à Oran le week-end venu, pour chanter dans les cabarets. Bien qu’il mène une existence plutôt « normale », il est mis en lumière par sa musique et son immense talent. La ferveur du public à son égard monte en flèche, sa renommée aussi. En 1982, il participe à un concours musical lancé par la télévision algérienne, et finit deuxième. La route vers le succès est ainsi tracée. Cheb Mami sort de l’anonymat. 10 albums plus tard, il se retrouve à Paris en 1985 en compagnie de trois autres artistes, dont un certain Cheb Khaled.
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Albums à la pelle, récompenses et carrière au cinéma
La discographie de Cheb Mami est longue et cela constitue un excellent indicateur du fait que l’inspiration de l’artiste est pour le moins foisonnante. En 1986, il sort l’album Douni el Bladi, suivi en 2010 de Let me Raï, un titre parlant quand on sait que cette musique était naguère interdite par les autorités algériennes. En 1995, paraît l’album Saïda, tel un clin d’œil à sa ville natale. 3 ans plus tard, les mélomanes se délectent de Meli Meli avant le fameux Desert Rose avec Sting en 1999. Le premier album du nouveau millénaire sort en 2001 et a pour nom Dellali. L’année d’après, il sort un single intitulé Youm Wara Youm dans lequel il chante en duo avec la marocaine Samira Ben Saïd. En 2004, l’album Du Sud au Nord vient s’ajouter à la discographie, avant d’être suivi par Live au grand Rex 2004, puis Layali en 2006, son dernier album à ce jour si l’on exclut les compilations sur lesquels il est présent en 2006 et 2011.
Naturellement, une telle carrière ne peut que s’accompagner de récompenses. Le natif de Saïda a ainsi reçu le prix miroir de l’espace francophone. À ceci, il convient d’ajouter qu’il a été double disque d’or aussi bien en Algérie qu’au Maroc, il a remporté le World Music Award du meilleur artiste du moyen-orient, et il a même été décoré chevalier de l’ordre du Mérite en 2003 sur proposition de Jacques Chirac. En somme, Cheb Mami a su montrer tout ce qu’il a en lui de positif et a connu la gloire… avant la déchéance.
Le roi déchu
Les déboires de Cheb Mami commencent en novembre 2005, quand son ex-compagne porte plainte contre lui pour violence avec circonstances aggravantes. Si le chanteur se défend d’avoir eu une telle attitude, il finit par être reconnu coupable et il est incarcéré, ce qui lui fait perdre sa distinction de chevalier de l’ordre du Mérite. En liberté conditionnelle depuis le 23 mars 2011, il tente depuis de se faire pardonner, mais en 2015, une condamnation pour plagiat est venue compliquer les choses. Son image est écornée par ces affaires, mais son talent reste incontestable.