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Dès que Beyoncé a annoncé son intention de produire un film sur Saartjie Baartman, une des figures les plus tragiques de l’histoire de l’Afrique du Sud, et d’interpréter le rôle principal, elle a déclenché un tollé.
L’histoire de Saartjie Baartman
Saartjie Baartman est une femme qui a réellement existé. Elle est née aux alentours des années 1790, dans la tribu Khoikhoi, que l’on appelle populairement les Bushmens. Adolescente, elle est enlevée et séparée de sa tribu pour être réduite en esclavage en Afrique du Sud. Les morphologies des populations autochtones d’Afrique ont longtemps interpellé la curiosité malsaine des colonialistes. Celles de Baartman font partie des plus impressionnantes.

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Une vie inhumaine
Devenue la « propriété » d’Alexander Dunlop, un médecin militaire britannique, elle est exhibée au public dans des cirques dits « de monstruosités » à Cape Town puis à Londres. Elle a vécu une grande partie de sa vie dans des conditions inhumaines et comme une bête de cirque. En 1814, les militants antiesclavagistes ne peuvent empêcher sa vente à un Français. Elle est morte l’année suivante, à 25 ans, alcoolique et syphilitique.
Après sa mort, un chirurgien a extrait les organes génitaux de la défunte. Ces organes sont ensuite exposés au public français. Ce n’est qu’en 2002, et après un plaidoyer personnel de Nelson Mandela, que les restes de la jeune femme sont retournés en Afrique du Sud avant d’être respectueusement enterrés. Dès la fin du XIXe siècle, Saartjie Baartman est devenue une icône de la lutte contre le racisme et l’exploitation sexiste en Afrique. Et on ne touche pas au symbole.

La stratégie de Beyoncé
Le projet de Beyoncé est d’écrire l’histoire de Baartman puis d’adapter son livre au cinéma et d’interpréter le rôle principal. Elle ne cache pas ses ambitions d’obtenir un Oscar.

Vivement critiquée
Beaucoup de personnalités se sont insurgées contre ce projet. Mme Jean Burgess, leader du groupe ethnique Ghonaqua auquel a appartenu Saartjie Baartman, s’insurge contre le projet de la chanteuse américaine. Elle déclare que Beyoncé n’a aucune légitimité pour interpréter ce rôle et surtout qu’il est immoral de faire un film sur l’une des histoires les plus honteuses de l’ère coloniale britannique. Dans ce concert de critiques, l’intervention de Kobus Reichert, un membre éminent du Conseil Khoisan Gamtkwa, est intéressante. Il déclare :
« Pour ma part, je n’ai pas de problème avec le projet de Beyoncé, mais j’ai bon espoir que son interprétation sera respectueuse du droit à la compréhension culturelle et à l’identité des communautés tribales ».
À la faveur de Beyoncé, on peut rappeler que beaucoup de chefs-d’œuvre du cinéma relatent des épisodes dramatiques de l’histoire des hommes.

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