L’immigration africaine en Occident est très généralement considérée comme définitive. Mais l’on assiste depuis peu à un retour non négligeable des migrants ou des enfants de migrants vers leurs pays d’origine. Poussés par les crises financières et politiques à répétition en Occident, à en croire les médias, de plus en plus d’Africains prennent la décision de rentrer pour trouver de nouvelles perspectives de vies. Mais qu’en est-il vraiment ? S’agit-il de cas isolés ou d’un nouveau phénomène ?
Une immigration massive
Pour commencer, et selon plusieurs centres de recherche et de statistiques, la fuite des cerveaux vers l’Occident et l’immigration illégale n’ont jamais été aussi importantes qu’aujourd’hui. Les Africains continuent de migrer massivement, comme en témoignent les statistiques de l’organisme pour la sécurité et les frontières extérieures (Frontex), qui montrent que le nombre d’immigrés illégaux dans l’Union Européenne a presque triplé en 2014 (avec un chiffre estimé à 274 000 de personnes en 2014 contre 100 000 en 2013).
La fuite des cerveaux non plus ne baisse pas, bien au contraire. Rien qu’au Maghreb, une étude réalisée entre décembre 2014 et février 2015 a montré une progression impressionnante du nombre de migrants diplômés du supérieur, qui est estimé à 853 000 personnes. Quant au Maroc, environ 397 000 diplômés de l’enseignement supérieur se sont installés à l’étranger.
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L’illusion de l’Occident
Mais ce que ne montrent pas ces statistiques, c’est que 20% à 50% des immigrés repartent dans les cinq années qui suivent leur arrivée, soit vers un nouveau pays, soit vers leur pays d’origine. Certains pays européens, comme la France, ne comptabilisent pas dans leurs statistiques certaines sorties du territoire comme migrations de retour. En raison de l’absence d’une telle base de données, les facteurs qui encouragent les migrations de retour restent flous.
Cependant, une étude réalisée par l’Institut national d’études démographiques intitulée Migration entre l’Afrique et l’Europe tend à apporter quelques éléments de réponse et permet de comprendre les retours des migrants au Sénégal et en République démocratique du Congo, deux pays connus par leur différence économique et sociopolitique.
L’étude révèle « une tendance à la baisse des migrations de retour en particulier en République Démocratique du Congo (RD Congo). Les retours sont en grande majorité spontanés plutôt que forcés ou encouragés par les pays de destination. Seuls 16 % des migrants sénégalais et 15 % des Congolais ont déclaré être rentrés suite à des difficultés rencontrées en Europe, y compris en raison de problèmes de papiers. Les perspectives de réinsertion dans le pays d’origine jouent un rôle majeur dans les décisions de retour. Par ailleurs, les restrictions imposées à l’immigration par les pays européens ont tendance à réduire la propension au retour des migrants. »
source
En définitive, les décisions de retour ne sont pas un phénomène nouveau lié, comme il est dit ici et là, à la conjoncture économique ou à l’environnement politique. Les facteurs influant celui-ci sont aussi divers que variés.
À SUIVRE : 700 migrants trouvent la mort au cours du naufrage de leur embarcation.