25/04/2024

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Depuis des siècles, le Maroc est une nation privilégiée pour la formation islamique de jeunes étudiants et d’imams issus de familles religieuses africaines. Aujourd’hui, le pays semble profiter de ce rôle précisément pour étendre son influence en Afrique subsaharienne en faisant la promotion d’un islam tolérant.

Les liens avec le Mali

Trois évènements récents attestent de l’hégémonie religieuse du royaume chérifien : tout d’abord, l’accord signé en septembre 2013 pour la formation de 500 imams maliens au Maroc. Ensuite, l’ouverture d’un centre de théologie chrétienne à Rabat adressé en premier lieu à un public originaire d’Afrique subsaharienne, toujours en 2013. Enfin, plus récemment, en mars 2015, la création de “la fondation Mohammed VI des Oulémas africains”. Elle a pour but de promouvoir un Islam tolérant.

Ces trois évènements font partie de la politique du royaume qui consiste à “contrer le fléau djihadiste et à se positionner comme maillon fort de la lutte contre l’extrémisme, notamment dans le continent africain et la région sahélo-saharienne”, selon l’agence de presse marocaine MAP (Maghreb Arabe presse).

La formation d’imams maliens dans le royaume témoigne, selon les officiels marocains, d’une histoire qui date entre les deux pays mais n’en demeure pas moins une nouveauté de poids.

Ces liens semblent avoir l’approbation des partenaires occidentaux du Maroc. Dans une note confidentielle rendue publique par notre confrère Telquel, l’ambassadeur marocain à Washington Rachad Bouhlal relate son entretien avec Linda Thomas-Greenfield, diplomate en charge des Affaires africaines qui avait “exprimé l’appréciation par les États-Unis pour ce genre de coopération et pour l’excellente approche prônée par le royaume pour assister le Mali, en soulignant le souhait de voir le Maroc étendre cette expérience à d’autres pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest”.

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Le rôle des confréries

Mais les liens semblent parfois transcender la simple politique extérieure. Il y a déjà plus de dix ans, en 2004, le journal Aujourd’hui le Maroc écrivait au sujet de la visite du roi Mohamed VI dans plusieurs pays africains:  “[…]Des véritables confréries, très influentes en Afrique, sont d’origine marocaine. Certaines de ces confréries continuent de prier dans les mosquées pour le souverain marocain, considéré comme leur Amir Al Mouminine. Ces liens sont tellement ancrés dans la conscience collective que le Maroc a tout intérêt à en profiter. A l’issue de ce périple, des [ponts de spiritualité] devraient être érigés entre Rabat et les différentes capitales africaines visitées par le souverain.”

Parmi ces confréries, on trouve la “Tijâniyya”, confrérie soufie d’origine algéro-marocaine qui a été fondée en 1782 par Ahmed Tijani. Il s’agit là de la confrérie la plus répandue en Afrique. Son fondateur a vécu une partie importante de sa vie au Maroc, à Fès, et la ville renferme d’ailleurs son mausolée visitée chaque année par des centaines de ressortissants de pays subsahariens.

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Un positionnement spirituel

A travers la réactivation de ses confréries et la coopération religieuse, le Maroc se positionne comme “modèle en Afrique”, à en croire le gouvernement marocain. Un positionnement qui, semble-t-il, contrecarre l’émergence d’un islamisme radical.

D’après la revue américaine Foreign Affairs, le Maroc dispose d’un atout majeur sur son voisin algérien : l’autorité de son souverain en matière religieuse. C’est dans ce cadre que le titre du roi  “Amir al mouminine / Emir des croyants” est mis constamment en exergue : le souverain du royaume faisant autorité en matière religieuse. Le roi Mohammed VI  “s’est ainsi positionné comme un symbole de modération religieuse à travers ses diverses initiatives en Afrique”, titrent certains médias marocains et également africains.

Le 30 juillet dernier, à l’occasion de la fête du trône, Mohammed VI s’est exprimé lors de son discours célébrant le seizième anniversaire de son accession au trône. Celui-ci, en tant que commandeur des croyants, a invité les marocains à conserver les valeurs de tolérance qui font partie de la tradition du pays et a souligné que le Maroc “s’est engagé dans les coalitions arabes de lutte contre le terrorisme”. Le roi du Maroc conserve l’objectif de devenir une puissance régionale en Afrique et cette expansion de la puissance du Maroc passe aussi par le volet religieux et spirituel. L’Islam est donc une carte maîtresse pour le Maroc en Afrique. Le pays réoriente sa politique religieuse en encourageant l’ancrage soufi et confrérique de l’Islam marocain.

Dans le cadre du développement de sa coopération économique et politique avec l’Afrique, l’argument religieux revêt aujourd’hui une importance indéniable, l’Islam confrérique étant un Islam transnational qui a également de nombreux représentants en Afrique de l’Ouest.

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