La présence chinoise en Afrique est un sujet qui soulève de nombreux débats et discussions idéologiques. La Chine parfois perçue comme sauveur économique mais souvent, sa présence est qualifiée de nouvelle forme d’impérialisme. Dans son livre Le Second Continent de la Chine : Comment un million de migrants érigent un nouvel empire en Afrique, Howard W. French, professeur agrégé de L’Ecole Supérieure de Journalisme de l’Université de Columbia, à New York, tente de déconstruire cette image binaire que nous nous faisons de l’influence chinoise sur le continent et nous invite à éviter les généralisations.
De nombreux facteurs
L’un des mythes qu’il tente de démanteler est celui selon lequel l’influence de la Chine en Afrique serait le résultat d’une stratégie planifiée centralement. Au contraire, il estime que la migration à grande échelle des travailleurs chinois que l’on a récemment pu observer est le résultat de nombreux facteurs au-delà du périmètre de contrôle des autorités chinoises. Son livre avait d’ailleurs initialement été intitulé « l’Empire Accidentel » afin de mettre en avant ce point d’importance.
Au coeur de l’Afrique
Les grands projets d’infrastructures, ainsi que l’exploration et l’exploitation des ressources minières sont peut-être les deux exemples les plus connus de la présence en Chine en Afrique. Or ces projets sont souvent associés à des inquiétudes concernant l’environnement, et la qualité des conditions de travail.
Aspect moins connu et moins discuté, l’influence de la Chine se fait également de plus en plus sentir dans le domaine de l’agriculture. Selon la fondatrice de Gro Intelligence, Sara Menker, 70% des terres arables non cultivées du monde se trouvent en Afrique, une opportunité dont les investisseurs chinois sont particulièrement conscients, et près de 12 millions d’hectares furent achetés ces dernières années pour produire principalement du sésame, du blé et du maïs destinés à l’exportation vers l’énorme marché chinois. On estime qu’en 2013 les échanges Chine-Afrique ont atteint 200 milliards de dollars, et que ceux-ci continueront de grandir dans les prochaines années.
Une présence militaire
La présence chinoise est également militaire. Les troupes chinoises sont impliquées dans sept des neuf opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, soit plus que n’importe quel autre membre permanent du Conseil de Sécurité. A l’heure actuelle, elles participent aux opérations anti-pirates en Somalie, à la stabilisation des conflits en cours au Sud Soudan, à la stabilisation post-conflit au Mali, ainsi qu’à des missions humanitaires au Libéria.
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Cela dit, la taille des troupes déployées sur le continent reste très faible comparée à celle de l’armée chinoise dans son ensemble, ainsi qu’aux forces américaines et européennes. Par ailleurs, la politique étrangère de la Chine promeut toujours la doctrine de non-interférence et d’absence de bases militaires en sol étranger.
Une présence qui fâche
Certains leaders africains ne cachent pas leur mécontentement à l’égard des activités chinoises sur le continent. L’ancien gouverneur de la banque centrale du Nigéria, Mr. Sanusi, compare ainsi les activités de la Chine à « une nouvelle forme d’impérialisme. » Mais la Chine est parfaitement consciente des inquiétudes grandissantes à son égard, et essaie de contrecarrer la mauvaise presse qui lui est faite. Wang Yi, le ministre des Affaires étrangères, a récemment tenté de réassurer les chefs d‘État africains en déclarant qu’ils « ne comptaient absolument pas suivre le même chemin que les colonisateurs occidentaux. »
La Chine en Afrique est une histoire complexe à multiples facettes. Une histoire qui ne devrait pas être caricaturée ou généralisée comme cela est souvent le cas. Chaque pays a ses propres spécificités, et chaque projets et initiative sino-africaine ses forces et faiblesses.
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